Les résultats de l’étude montrent qu’une personne sur quatre se plaint de réactions cutanées lorsqu’elle utilise des protections périodiques parfumées. Le chiffre réel est sans doute beaucoup plus élevé car de nombreuses personnes ne sont pas forcément conscientes que ces symptômes puissent être liés à leurs protections périodiques.
Les femmes, les jeunes filles et les personnes qui ont leurs règles ont témoigné de sensations de brûlure, de démangeaisons ou d’irritations quand elles utilisent des serviettes hygiéniques et des protège-slips parfumés, et 28 % des personnes interrogées ont déclaré que les symptômes étaient « assez graves ou très graves ».
« Dès que j’utilise ce type de serviettes hygiéniques, je souffre de démangeaisons, d’inflammations, de desquamations et sensations de brûlure » explique Evie, de Cambridge, « Je suis passée aux injections contraceptives au final pour ne plus avoir à utiliser de serviettes hygiéniques du tout ».
La gynécologue Dr Leila Frodsham exprime son inquiétude face aux protections périodiques parfumées : « ce qui est très important, c’est de s’assurer de ne pas interférer avec la flore vulvaire et vaginale. Cette ingérence peut fragiliser l’équilibre délicat de la zone intime et exposer aux risques de contracter des vaginoses bactériennes ou candidoses. Et quand le déséquilibre se produit, cela peut créer des desquamations légères sur la peau et c’est là que les vrais problèmes commencent à apparaître ».
Et même pour les personnes qui ne présentent pas de symptômes ou de réactions importantes, les produits parfumés peuvent être à l’origine de problèmes plus sérieux. Les parfums de synthèse sont souvent constitués d’un cocktail de plus de 3 900 substances chimiques différentes, dont des perturbateurs endocriniens et des substances chimiques qui sont considérées comme cancérigènes. La peau sensible et délicate du vagin peut rapidement absorber ces ingrédients chimiques nocifs et les faire circuler ensuite dans l’ensemble le corps.
Pour quelle raison les consommatrices achètent-elles des serviettes hygiéniques et des protège-slips parfumés ?
L’étude s’est penchée sur les raisons pour lesquelles les femmes, les jeunes filles et les personnes qui ont leurs règles choisissaient des protections périodiques parfumées. Seule une personne sur dix apprécie réellement le parfums des serviettes et des protège-slips parfumés, alors que 15 % des 18-24 ans affirment les acheter plutôt parce qu’elles se sentent comme « obligées » de dissimuler l’odeur de leurs règles. Et c’est cette même tranche d’âge qui est la plus ciblée par les publicités pour les protections périodiques parfumées sur les réseaux sociaux.
Autre facteur inquiétant : 23 % des personnes interrogées ont déclaré avoir choisi des protections périodiques parfumées parce qu’aucun autre produit n’était disponible dans les rayons au moment de l’achat. Ces chiffres concordent avec des études menées dans des supermarchés, qui révèlent que 49 % des protège-slips et 33 % des serviettes hygiéniques en rayon contenaient des parfums de synthèse. La disponibilité d’alternatives, – des protections périodiques sans plastique et non parfumées – était relativement faible. En Grande-Bretagne, ce sont les chaines des magasins Asda et Morrisons qui proposaient le moins d’alternatives.
Du lobbying pour faire bouger les lignes
Ces conclusions récentes font partie d’une campagne intitulée « Period NonScents » lancé pendant la Semaine de l’environnement 2021 (11-17 octobre) par Wen (Women’s Environmental Network) et Natracare, la marque de protections périodiques. Le rapport expose des données récentes et des avis d’experts qui révèlent l’impact des ingrédients dissimulés dans les protections périodiques parfumées et donne aussi des conseils pour guider le choix des consommatrices.
Natracare et Wen espèrent ajouter de la transparence et faire adopter des règlementations plus claires dans le secteur des protections périodiques en sensibilisant le public à ce sujet à travers des démarches de lobbying.
« Que les consommateurs puissent acheter des produits, sans réellement savoir ce qu’ils contiennent, c’est juste impensable », déclare Jessica Gitsham, de Natracare. « C’est de la responsabilité du gouvernement de mettre en place une législation de base qui réglemente ce que peuvent contenir les protections périodiques, et les marques doivent impérativement être plus transparentes. 85 % des personnes que nous avons interrogées souhaitaient pouvoir consulter la liste complète des ingrédients. Ce qui n’est pas le cas actuellement ; les marques utilisent des expressions confuses comme « dissimule les odeurs » perpétuant ainsi l’idée que les règles doivent être masquées d’une manière ou d’une autre.
Helen Lynn, de Wen, rajoute : « la réglementation récente de l’État de New York sert d’exemple pour renforcer la transparence et les obligations de déclarations de ce que peuvent contenir nos protections périodiques. »
La quantité de résidus et de parfums rajoutés intentionnellement qui ont pu être retracés dans ces produits, ainsi que l’utilisation de « technologies pour maitriser des odeurs » est vraiment impressionnante. S’il s’agissait de produits cosmétiques, le nombre de substances ou produits chimiques parfumés utilisés nécessiteraient obligatoirement une déclaration sur l’emballage. Le gouvernant doit donc impérativement agir dès maintenant pour réguler le secteur des protections périodiques et exiger une plus grande transparence de la part des fabricants de protections périodiques.
Quel champ d’action pour les particuliers?
- Signez et diffusez la pétition Period NonScents, qui incite les gouvernements et les marques à mieux réglementer ce secteur et à communiquer de manière transparente sur les ingrédients contenus dans les protections périodiques.
- Interpellez les marques de protections périodiques sur X (anciennement Twitter) et indiquez-leur que vous souhaitez que la liste des ingrédients soit transparente.
- Partagez vos expériences et même éventuelles réactions cutanées sur les réseaux sociaux, en utilisant le hashtag #PeriodNonScents et en affichant le produit concerné.
- Consultez, likez et partagez cette vidéo qui récolte les réactions de personnes qui ont visionné d’anciennes publicités pour protections périodiques parfumées – un condensé de misogynie et de stigmatisation qui ne vous laissera certainement pas indifférent !
Notes aux rédacteurs
Natracare est la première entreprise mondiale à proposer des tampons, des serviettes hygiéniques et des protège-slips en coton biologique certifié sans aucune matière plastique, totalement exempts de chlore. Les produits de Natracare sont biodégradables et compostables. Susie Hewson a créé la marque en 1989 en réponse aux risques potentiels que représente la pollution à la dioxine pour la santé des êtres humains et l’environnement. La dioxine est un sous-produit des méthodes de blanchiment au chlore – utilisées dans la fabrication du papier et des produits d’hygiène.
L’association Wen (Women’s Environmental Network) a été fondée en 1988 pour apporter une perspective féministe aux questions environnementales. Parmi ses campagnes et programmes ont retrouve les campagne « Environmenstrual », des actions et programmes pour un quotidien sans produits toxiques, des programmes autour de la sécurité alimentaire et un accord écologique et féministe un « New Deal Vert » pour le Royaume-Uni. La campagne Environmenstrual a comme but de sensibiliser à la présence de matières plastiques et de substances chimiques nocives dissimulées dans les protections périodiques conventionnelles et met en avant les options réutilisables et biologiques. Wen organise également la semaine Environmenstrual, qui a lieu chaque année en octobre. Wen chapeaute également la coalition Environmenstrual qui rassemble plus de 60 acteurs, ainsi qu’un programme d’éducation sur les règles, qui forme des ambassadeurs/ambassadrices du programme Environmenstrual dans tout le Royaume-Uni.